• J'ai attrapé l'autoglisseur Place N. Sarkozy et il a immédiatement atteint l'altitude 147 pour rejoindre l'arrêt Z. Zidane. Il faisait beau et j'ai décidé de marcher un peu. Mon pull thermocapt vira au mauve, indiquant que mon taux de béta-carotène était suffisant compte tenu de l'activité photonique, et mes lentilles de contact foncèrent légèrement. La rue n'était pas très fréquentée à cette heure, d'autant plus qu'on annonçait une tempête solaire pour le milieu de l'après-midi.

    Je poussai le gros huis en bois de l'immeuble du docteur Coltovickz, traversai la cour recouverte d'un dôme en verre filtrant en jetant un œil admiratif aux Amaryllis qui poussaient dans une jardinière en pierre blanche. La réputation du médecin n'était donc pas surfaite puisqu'il pouvait s'offrir de tel spécimens botaniques.<o:p />

    Le système de contrôle du cabinet valida mon rendez-vous en dialoguant automatiquement avec mon terminal portatif et m'orienta vers la salle d'attente. La fenêtre holographique renvoyait une vue de la cour et des fleurs, ce qui procurait une certaine sérénité. Assis sur le fauteuil en mousse à mémoire de forme, je serrais dansmes mains mon pack autonome, avec une légère crispation. Je ne savais plus très bien si j'avais eu raison de céder à cette mode dont les implications, il fallait bien l'admettre, n'étaient pas anodines. D'un autre côté, on ne pouvait indéfiniment résister au progrès sans se marginaliser au bout du compte. J'étais face à cette aporie lorsque la porte s'ouvrit sur le sourire du docteur Coltovickz...

    A suivre...


    Photo : la magnifique clinique du Docteur Coltovitckz dans le vieux Paris



    <o:p />




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  • J'ai posé ma main sur la poignée à détection biométrique et la porte de mon appartement s'est ouverte dans un souffle métallique. J'ai posé le paquet sur la table en plexiglas du salon, encore tout excité. L'emballage n'avait rien de spécial, il était même, en fin de compte, assez quelconque. Je me fis la remarque que cette sobriété du packaging détonnait avec les excès visuels de la publicité qui vantait les qualités de ce nouveau pack.

    C'était mon premier bloc autonome et pour une première, on pouvait dire que je frappais fort : le,dernier cri. Marie n'allait pas en revenir, elle qui me tannait de m'équiper depuis des mois.J'aime bien Marie et je dois dire que c'est sans doute pour lui faire plaisir que je me suis décidé.

    J'ai attrapé mon vieux terminal de poche qui la faisait tant rire afin de consulter mes mails. Il y en avait trois.

    Le premier venait du frigo qui clignotait dans la cuisine. Il m'indiquait que ma mousse protéique enrichie aux sels minéraux arrivait à péremption et que je n'avais plus qu'une bouteille de lait au béta-carotène. Il ne fallait pas plaisanter avec le lait, je le savais. Seule une consommation régulière d'un litre journalier permettait de pouvoir circuler sans danger à l'air libre, par jour de beau temps.

    Le deuxième provenait de ma banque, m'informant que la transaction relative à l'achat de mon bloc autonome avait été inscrite à mon compte et transmise aux autorités compétentes.

    Le troisième me confirmait mon rendez-vous chez le docteur Coltovickz, à 14 h.

    J'ai passé ma commande de lait et de divers produits alimentaires et ménagers dont le frigo avait préparé la liste et j'ai planté la paille en carbone dans le sachet de mousse protéique.

    J'étais tout de même un peu inquiet, il fallait bien se l'avouer. J'avais résisté pendant tant d'années et maintenant, il était quasiment impossible de faire marche arrière. Je sentais confusément que mon existence ne serait plus jamais la même, après l'implantation du bloc, et l'excitation qui avait présidé à mon passage à l'acte se muait peu à peu en déréliction...


    Photo : Portrait impressif de Mister D quelques heures après l'installation de son Bloc Autonome

    A suivre...



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